
Mieux cicatriser après une épisiotomie :l’apport de la lumière 625 + 850 nm
2 septembre 2025
endromed.fr
Contexte : épisiotomie et cicatrisation périnéale
L’épisiotomie – incision du périnée pratiquée lors de certains accouchements – constitue
une blessure chirurgicale qui peut entraîner des douleurs persistantes en post-partum et des complications de cicatrisation. Réduire la douleur, l’œdème inflammatoire et favoriser une réparation tissulaire optimale du périnée est essentiel pour le confort de la jeune maman et la reprise des activités quotidiennes. Dans ce contexte, la photobiomodulation par lumière rouge (625 nm) et infrarouge proche (850 nm) émerge comme une approche
non-médicamenteuse prometteuse pour accélérer la cicatrisation et soulager les patientes. Cette technique, utilisée notamment avec le dispositif Floreo®, repose sur l’application de lumières froides non invasives pour stimuler les processus naturels de guérison. Quelles sont les bases scientifiques de cette méthode et quels bénéfices cliniquement prouvés apporte-t-elle après une épisiotomie ?
Mécanismes d’action moléculaires de la photobiomodulation
La photobiomodulation en lumière rouge et infrarouge agit au niveau cellulaire en déclenchant divers processus biochimiques bénéfiques pour la réparation des tissus. Les photons émis (dans le rouge ~625 nm et l’infrarouge ~850 nm) sont absorbés par des chromophores cellulaires, en particulier par des enzymes mitochondriales appelées cytochromes (notamment la cytochrome c oxydase, complexe IV de la chaîne respiratoire) pmc.ncbi.nlm.nih.gov. Cette absorption lumineuse stimule l’activité mitochondriale et entraîne :
● Augmentation de l’ATP cellulaire : l’activation de la cytochrome c oxydase par la lumière rouge/infrarouge accroît la production d’ATP, fournissant plus d’énergie pour les besoins de réparation cellulaire nature.compmc.ncbi.nlm.nih.gov. Les cellules traitées relancent ainsi leur métabolisme, favorisant la régénération.
● Modulation de l’inflammation : la lumière 625–850 nm induit une réduction des médiateurs pro-inflammatoires. Par exemple, il a été démontré qu’un laser de basse intensité 660 nm diminue significativement l’expression de l’enzyme COX-2, responsable de la production de prostaglandine E2, dans un modèle d’inflammation aiguë pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. En inhibant cette voie, la photothérapie atténue la réaction inflammatoire, ce qui se traduit par moins d’œdème et moins de douleur.
● Stimulation cellulaire et collagène : la photobiomodulation encourage la prolifération de diverses cellules impliquées dans la cicatrisation, notamment les fibroblastes (producteurs de collagène) et les kératinocytes (cellules de la peau). Des études in vitro montrent par exemple qu’une irradiation combinant du rouge (635 nm) et de l’infrarouge (830 nm) augmente significativement la prolifération des fibroblastes et la synthèse de collagène de type I par rapport à l’absence de lumière ou à la lumière rouge seule jwmr.org. Cette stimulation fibroblastique se traduit in vivo par une formation accélérée du tissu de granulation et une augmentation de la synthèse de collagène, éléments clés d’une cicatrisation solide pmc.ncbi.nlm.nih.gov.
● Amélioration de la microcirculation : le traitement lumineux stimule également l’angiogenèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans la zone lésée pmc.ncbi.nlm.nih.gov. L’infrarouge proche en particulier est connu pour favoriser la libération d’oxyde nitrique (NO) endogène, provoquant une vasodilatation des capillaires. Le résultat est une meilleure vascularisation de la plaie, apportant oxygène et nutriments aux tissus en cours de réparation, et contribuant à une cicatrisation de meilleure qualité (tissus bien oxygénés, réduction du risque d’infection locale).
Il est à noter que les longueurs d’onde rouge et infrarouge sont complémentaires dans leurs cibles d’action. La lumière rouge (~625 nm) pénètre les couches superficielles et est principalement absorbée par la cytochrome c oxydase à l’intérieur des mitochondries, tandis que l’infrarouge proche (~850 nm) pénètre plus en profondeur et peut interagir avec d’autres photorécepteurs cellulaires (par exemple des protéines membranaires) modifiant la perméabilité cellulaire pmc.ncbi.nlm.nih.gov. Ces deux voies convergent vers les mêmes effets bénéfiques finaux. En combinant les deux longueurs d’onde, on stimule à la fois la surface et la profondeur des tissus, ce qui optimise la réponse de guérison dans l’ensemble de la zone périnéale traitée.
Effets sur la cicatrisation des plaies périnéales post-épisiotomie
Plusieurs études cliniques se sont penchées sur l’utilisation de la photobiomodulation pour améliorer la guérison des plaies d’épisiotomie. Les indicateurs de cicatrisation incluent
l’évaluation visuelle de la plaie (rougeur, œdème, fermeture de la plaie) et le délai de
réparation complète. Globalement, la littérature récente suggère que la lumière rouge/infrarouge peut accélérer la cicatrisation ou du moins améliorer certains aspects de
la réparation périnéale.
Une méta-analyse systématique de 2024 a compilé les résultats de 18 essais contrôlés randomisés portant sur la photobiomodulation de diverses plaies cutanées (y compris des plaies chirurgicales et des épisiotomies) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Il en ressort que les plaies traitées par laser de basse intensité guérissent plus vite que les plaies témoins : le pourcentage de réduction de la taille de la plaie était significativement supérieur sous photobiomodulation (différence estimée de l’ordre de +14 à +38% par rapport au contrôle, p < 0.0001), et le taux de guérison complète était également augmenté de façon significative pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. En clair, les lésions traitées se referment plus rapidement et ont plus de chances d’être entièrement cicatrisées dans un délai donné par rapport aux lésions non traitées. Ces effets positifs sur la vitesse de cicatrisation ont été observés tant sur des plaies aiguës que chroniques dans les études analysées, suggérant un bénéfice transversal de la photobiomodulation sur la réparation tissulaire.
En ce qui concerne spécifiquement les épisiotomies du post-partum, les résultats ont été
pendant un temps mitigés, vraisemblablement en raison de variations de protocoles (dose,
moment d’application, etc.). Par exemple, un premier essai pilote randomisé publié en
2012 n’avait pas mis en évidence d’accélération de la cicatrisation périnéale avec le laser de
basse intensité par rapport à un placebo, malgré une tendance à moins de douleurs chez les patientes traitées pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. De même, une étude contrôlée en triple aveugle de 2017 utilisant trois séances de laser sur 2 jours post-accouchement n’a pas trouvé de différence significative sur la cicatrisation évaluée à J7-J10 pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Ces travaux suggéraient qu’aux paramètres utilisés, la photothérapie n’apportait pas de bénéfice notable en post-épisiotomie immédiat.
Cependant, des recherches plus récentes avec des protocoles optimisés montrent des
résultats bien plus encourageants. En particulier, un essai clinique randomisé publié en
2024 a comparé la photobiomodulation (lumière rouge + infrarouge) à la cryothérapie (glace) dans les suites immédiates d’un accouchement chez 56 femmes ayant eu une épisiotomie ou déchirure de grade I/II pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Les applications ont eu lieu dans les 12 heures suivant la naissance, période critique où la douleur et le gonflement sont à leur maximum. Les conclusions sont sans appel : les patientes traitées par lumière ont présenté une amélioration supérieure par rapport à celles traitées par la glace pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Plus précisément, la photobiomodulation a entraîné :
● Une réduction de la douleur nettement plus importante et plus rapide. Dès les
premières heures postpartum, la douleur périnéale (évaluée sur échelle numérique)
a diminué de façon significativement plus marquée dans le groupe lumière que dans
le groupe cryothérapie (p = 0.008), et cet écart s’est encore accentué après 24
heures (p < 0.001) pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Autrement dit, en une journée, les
femmes traitées par lumière rouge/infrarouge avaient presque plus aucune douleur,
alors que celles avec glace ressentaient encore une gêne notable.
● Une meilleure évolution de la plaie avec moins d’œdème. L’état de la plaie,
mesuré via le score REEDA (qui quantifie Rougeur, Œdème, Ecchymose, Écoulement, Approximation des berges), s’est amélioré plus franchement dans le groupe photobiomodulation que dans le groupe glace après 24 heures de suivi. Le score REEDA moyen a baissé davantage sous lumière, reflétant moins de rougeur et de gonflement, et une meilleure coaptation de la plaie en comparaison au traitement par le froid. Bien que les données chiffrées détaillées ne soient pas fournies ici, l’étude conclut que la technique par lumière a favorisé une guérison plus efficace avec moins d’inflammation locale que la méthode classique par glace blog.tracydonegan.org.
Ces résultats cliniques confirment que la photobiomodulation 625 + 850 nm apporte un
confort supérieur en post-partum immédiat (douleur réduite, œdème diminué) tout en
soutenant le processus naturel de réparation. Contrairement à la cryothérapie qui soulage la douleur mais freine temporairement l’inflammation nécessaire à la reconstruction des tissus, la lumière rouge/infrarouge module sans bloquer la réaction inflammatoire blog.tracydonegan.orgblog.tracydonegan.org. Elle permet ainsi au corps de poursuivre son travail de guérison tout en apportant un soulagement notable à la patiente – une différence fondamentale qui peut expliquer l’amélioration de la cicatrisation observée
dès le premier jour.
Amélioration de la vascularisation, de la régénération cellulaire et de la qualité tissulaire
Au-delà de la vitesse de fermeture de la plaie, la qualité de la cicatrisation est un enjeu majeur : une bonne cicatrisation périnéale doit aboutir à un tissu souple, élastique, bien
vascularisé et le moins douloureux possible à long terme. Les effets de la lumière 625 +
850 nm sur la biologie de la cicatrice laissent entrevoir une amélioration de la qualité
tissulaire formée :
● En stimulant fortement les fibroblastes, la photobiomodulation augmente la
production de collagène de type I, essentiel pour la résistance de la cicatrice, tout
en favorisant une organisation plus régulière des fibres collagèniques pmc.ncbi.nlm.nih.gov. On peut s’attendre à une cicatrice plus solide mais aussi plus souple, avec moins de risque d’adhérences ou d’induration excessive.
● L’angiogenèse induite par la lumière garantit un apport sanguin suffisant pendant
toute la phase de remodelage de la plaie. Un réseau capillaire bien développé dans
la zone cicatricielle apporte oxygène et nutriments aux cellules régénératrices
(fibroblastes, kératinocytes) et facilite l’élimination des débris. In fine, cela contribue à
un tissu cicatriciel de meilleure qualité sur le plan histologique, mieux oxygéné et
plus proche du tissu périnéal d’origine.
● La modulation de l’inflammation par la photothérapie peut aussi réduire le risque de
cicatrisation pathologique. En limitant l’excès de cytokines pro-inflammatoires et de
radicaux libres dans les tissus, on diminue la probabilité de formation d’une cicatrice
hypertrophique ou fibreuse. Au contraire, une inflammation contrôlée et résolutive
sous l’effet de la lumière aboutit généralement à une cicatrice plus fine et plus
souple.
Par ailleurs, des bénéfices indirects tels qu’une reprise plus précoce de la mobilité grâce à la
diminution de la douleur peuvent également améliorer la trophicité des tissus (meilleure
circulation locale avec l’activité). Bien que les études spécifiques sur la qualité à long terme
des cicatrices d’épisiotomie traitées par photobiomodulation manquent encore, les données cliniques en dermatologie et en chirurgie suggèrent globalement des cicatrices de meilleur aspect grâce à la thérapie lumineuse pmc.ncbi.nlm.nih.gov. Par exemple, l’usage du laser froid en post-opératoire a été associé à une réduction des complications cicatricielles telles que les infections, les désunions de sutures et les œdèmes persistants, grâce à son effet biostimulant et anti-inflammatoire liebertpub.com. Une cicatrisation plus rapide et plus « propre » se traduit inévitablement par un tissu cicatriciel de meilleure qualité fonctionnelle (moins douloureux, plus élastique).
Une approche non invasive et sans contact : les atouts du dispositif Floreo
L’apport de la lumière 625 + 850 nm pour mieux cicatriser après une épisiotomie s’inscrit dans une démarche thérapeutique innovante, non invasive et atraumatique. Contrairement à d’autres traitements physiques (par exemple les massages périnéaux précoces ou certaines techniques manuelles) qui peuvent impliquer un contact direct avec la plaie, la photobiomodulation est appliquée sans contact irritant sur les tissus fraîchement suturés. Le dispositif Floreo® notamment propose une sonde lumineuse endovaginale émettant ces longueurs d’onde, qui est introduite délicatement dans le vagin sans exercer de pression sur la zone d’épisiotomie. La lumière diffusée traverse les parois vaginales jusqu’aux tissus périnéaux environnants, stimulant la cicatrisation de façon homogène sans qu’aucun objet ne touche la plaie (la sonde est entourée d’un embout stérile transparent qui assure l’hygiène et la protection sans entraver la diffusion lumineuse). Cette approche présente plusieurs avantages pratiques et cliniques :
● Aucune douleur provoquée lors du traitement : l’émission de lumière est indolore, et l’absence de contact direct évite les douleurs qu’entraîneraient des manipulations ou la pose d’une compresse froide sur une zone déjà sensible. La patiente ne ressent qu’une douce chaleur tout au plus, ce qui rend la thérapie très bien tolérée en post-partum immédiat.
● Méthode non médicamenteuse, sans effets systémiques : la photobiomodulation n’a pas recours à des substances chimiques, elle n’entraîne donc aucun effet secondaire pharmacologique. Ceci est particulièrement intéressant pour les jeunes mamans qui allaitent – la lumière n’a aucune incidence sur l’allaitement, contrairement à certains anti-inflammatoires ou antalgiques qui peuvent passer dans le lait. De plus, aucun risque d’allergie ou d’intolérance n’est à craindre avec la lumière elle-même.
● Sécurité et prévention des infections : l’absence de contact et la stérilité du dispositif éliminent quasiment tout risque d’introduction de germes sur la plaie. Comparativement aux poches de glace ou aux gels appliqués localement, la solution par LED endovaginale limite les manipulations de la zone et maintient un environnement propre. Par ailleurs, certaines études suggèrent un effet antibactérien de la lumière visible sur les plaies, ce qui pourrait contribuer à réduire les infections locales (bien que ce rôle soit surtout reconnu aux longueurs d’onde bleues autour de 470 nm).
● Facilité d’utilisation et confort pour la patiente : les séances de photobiomodulation sont courtes (quelques minutes) et peuvent être réalisées en maternité dès le lendemain de l’accouchement, ou en soins à domicile via un professionnel formé. Le Floreo est un dispositif portable, ce qui permet de traiter la patiente sans la déplacer de son lit. Le confort apporté (soulagement rapide de la douleur, effet relaxant sur les muscles périnéaux contractés) contribue à améliorer l’expérience post-partum globale.
En résumé, la photobiomodulation 625 + 850 nm appliquée au périnée offre une prise en charge moderne de l’épisiotomie, alliant rigueur scientifique et douceur pour la patiente. En s’appuyant sur des mécanismes cellulaires bien documentés (activation mitochondriale, modulation de l’inflammation, stimulation des fibroblastes et de l’angiogenèse) et validés par des études cliniques récentes, cette approche non invasive permet de mieux cicatriser – c’est-à-dire plus vite et dans de meilleures conditions. Sans prétendre remplacer les soins de base (hygiène locale, surveillance obstétricale) ni la nécessité d’une suture de qualité par l’obstétricien, la photothérapie redonne au corps un « coup de pouce » physiologique pour guérir plus efficacement. Pour les médecins, il s’agit d’un outil supplémentaire pour améliorer le bien-être des patientes en post-partum. Pour les jeunes mamans, c’est la promesse d’une convalescence moins douloureuse et d’une reprise de la vie active plus sereine après la naissance de bébé.
Sources (PubMed)
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